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Extrait
PRÉFACE
De tout temps, Tanger, terre d'élection, a exercé une puissante fascination sur ses citadins et ses voyageurs. De
Delacroix Paul Bowles, en passant par Matisse et Morand, peintres et écrivains ont tous succombé au charme de ses collines insouciantes. C'est donc dans cette ville mythique que s'imbriquent mes émerveillements d'enfant, mes émois d'adolescent et mes désarrois d'adulte. Aujourd'hui, cet amour se transforme en devoir de mémoire et ma nostalgie revît la force du témoignage. Toutefois, le lecteur ne saurait trouver dans ces pages ni un récit autobiographique classique, riche en confessions nuancées, ni des images, des esquisses de choses
vues de l'extérieur, impassiblement. J'y ai cherché surtout à reconstituer, à travers des jeux de mémoire, un
univers disparu à tout jamais.
Mais de quel univers s'agit-il? Question ardue, car comment saisir l'essence
d'une ville protéiforme? Est-ce le Tanger en carton-pâte véhiculé? par les films hollywoodiens ou le bazar
d'illusions colporté? par les romanciers américains? La ville de toutes les jouissances permises ou le repaire des
aventuriers et des contrebandiers? L'espace des âmes errantes en quête de paradis artificiels? Chacun a son
propre Tanger. Le mien fut celui d'un temps béni ou la vie était faite de mille plaisirs anodins, mais
enrichissants.
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